À QUI PROFITE LA PAC ?
La Politique Agricole Commune (PAC) représente l’ensemble des aides versées à l’agriculture européenne. C’est elle qui structure notre modèle agro-alimentaire. Chaque année, 9 milliards d’euros, financés par les impôts des citoyens européens sont dédiés à l’agriculture française. Mais qui en profite ?
Aujourd’hui, les principaux bénéficiaires de la PAC demeurent les producteurs intégrés dans un modèle de type agro-industriel, face auxquels les plus petits bénéficiaires ont du mal à exister. Grandes parcelles et grands cheptels, capacité à produire en quantité et à exporter, concentration, optimisation et surproduction : le système des aides de la PAC est particulièrement généreux avec les acteurs qui respectent ces principes. Par conséquent, la PAC incite financièrement les fermes à s’agrandir plutôt que d’opérer une transition agroécologique.
Ces inégalités au niveau des fermes se répercutent et s’accentuent en aval de la chaîne de production. Les coopératives ou entreprises agro-alimentaires touchent elles aussi directement ou indirectement une part significative des subventions de la PAC. Le modèle agro-alimentaire actuel est ainsi dominé par l’agro-industrie, où quelques grandes entreprises imposent leur modèle au reste de la filière. Ce sont les BASTA, les profiteurs de la PAC !
Découvrez comment l’argent public profite aux géants de l’agro-industrie !
BASTA : Bigard, Avril, Savéol, Tereos, Agrial & Co
LES PROFITEURS DE LA PAC !
Bigard
Le propriétaire de la marque Charal travaille avec un éleveur bovin français sur deux et transforme plus de 950 000 tonnes de viande par an. Alors que le revenu moyen des éleveurs bovins ne dépasse pas les 1100 € par mois, le PDG de Bigard, parvient aujourd’hui à se hisser à la 157e place des plus grandes fortunes de France. Son secret ? Bras de fer social, cadences infernales, faible considération du bien-être animal,… et une structuration massive de l’élevage français vers un élevage industriel, grâce à la PAC.
En incitant financièrement à l’intensification et à l’agrandissement des productions avec une faible conditionnalité liée au respect du bien-être animal, l’argent public de la PAC soutient l’industrialisation de l’élevage, néfaste pour la rémunération des paysans et les conditions de vie des animaux mais très profitable aux géants de l’agro-alimentaire comme Bigard.
Pour en savoir plus sur Bigard et les BASTA, découvrez le rapport sur les profiteurs de la PAC !
Avril
Décrit comme la pieuvre du monde agricole, le groupe Avril est à la tête d’un empire organisé en filière intégrée. De l’amont à l’aval de la filière, le groupe est omniprésent et organise la dépendance des paysans à un client unique.
Géant des céréales, huiles et protéines en France, le groupe Avril est propriétaire de la marque Lesieur et produit l’agro-carburant Diester, à grand renfort d’aides publiques. De manière indirecte, Avril bénéficie notamment des aides les plus massives de la PAC : les aides allouées en fonction de la surface des fermes, par essence très avantageuses pour le secteur des grandes cultures que sont les céréales, les huiles et les protéines.
Le groupe profite également d’autres mécanismes de la PAC au service de la compétitivité et de la productivité qui encouragent l’agrandissement des fermes et les productions énergétiques, au détriment de la souveraineté alimentaire et des petites fermes.
Pour en savoir plus sur Avril et les BASTA, découvrez le rapport sur les profiteurs de la PAC !
Savéol
Déconnecté du sol et des saisons, Savéol fait pousser des tomates sous des serres surchauffées toute l’année. En prônant une agriculture de précision, consistant à remplacer le travail de la nature par celui de la technologie, la culture de tomates prend davantage l’apparence d’une usine orientée vers le rendement que d’un maraîchage réalisé “avec passion” comme Savéol le prétend.
Son modèle lui a cependant permis de percevoir environ 6,7 millions d’euros de subventions en 2019 grâce au programme opérationnel fruits et légumes de la PAC alors que les productions de tomates non industrielles sont, elles, très peu soutenues. L’argent public de la PAC soutient donc une agriculture polluante, déconnectée des saisons, préférant la quantité à la qualité.
Pour en savoir plus sur Savéol et les BASTA, découvrez le rapport sur les profiteurs de la PAC !
Tereos
Coopérative à l’organigramme tentaculaire et propriétaire de la marque Beghin Say, Tereos s’apparente aujourd’hui plutôt à une multinationale du sucre, toute puissante et éloignée des intérêts des paysans. En prônant une agriculture de précision auprès de ses adhérents, notamment en les incitant à investir dans de nouveaux outils prévus pour la production de masse, elle fragilise les plus petits d’entre eux et encourage leur dépendance à l’agro-industrie.
Le modèle agricole promu par Tereos est une fuite en avant chimique et technologique fondée sur une exploitation de l’environnement à grand renfort de pesticides et notamment les néonicotinoïdes. Pourtant, le géant de la betterave sucrière finit sur les plus hautes marches du podium des bénéficiaires de la PAC depuis plus d’une décennie. En 2018, il a ainsi empoché pas moins de 45 millions d’euros de la PAC : de l’argent public mis au service du déclin de la biodiversité et de la dépendance des paysans à l’agrochimie.
Pour en savoir plus sur Tereos et les BASTA, découvrez le rapport sur les profiteurs de la PAC !
Agrial
Première coopérative agricole française, Agrial est partout ! De la filière lait aux semences, en passant par les boissons et la viande, Agrial détient aujourd’hui de nombreuses filiales et plus de 50 marques dont la célèbre marque de fromage de chèvre Soignon.
Concentration, surproduction et exportation sont les trois stratégies de développement d’Agrial. Alors que 35 % du chiffre d’affaires de sa filiale Eurial se fait à l’international, celle-ci a pourtant obtenu 1,3 million d’euros d’aides à l’investissement de la PAC l’an passé. La même année, Agrial a également obtenu 5,2 millions d’euros au titre du programme opérationnel pour les fruits et légumes alors même que sa stratégie vise à atteindre 50 % d’exportation d’ici 2025. En finançant Agrial, l’argent public de la PAC soutient donc la surproduction à des fins d’exportations, incompatible avec le développement des agricultures des pays du Sud.
Pour en savoir plus sur Agrial et les BASTA, découvrez le rapport sur les profiteurs de la PAC !